
L’Adieu
The Farewell
Lulu Wang
lu, vu, entendu par Maëlle - le 11/06/2025
« Quand les gens ont un cancer, ils meurent. Mais ce n’est pas la maladie qui les tue, c’est la peur. »
Inspiré d’une histoire vraie, L’Adieu parle de famille. De maladie. Des mensonges qui aident à protéger. C’est le récit de Billi, une jeune femme new yorkaise d’origine chinoise. La famille est éclatée : la grand-mère est restée en Chine, l’oncle et le cousin ont émigré au Japon. Malgré la distance, Billi est restée proche de sa grand-mère (Nai Nai) adorée, et elle tombe des nues lorsque ses parents lui apprennent que cette dernière a un cancer sans possibilité de rémission. Plus déroutant encore : en accord avec la tradition, tout le monde devra cacher à Nai Nai qu’elle va mourir. Pour la voir une dernière fois, toute la famille va se rendre en Chine en prétextant le mariage (factice) du cousin…
Le film navigue à merveille entre le sujet dramatique initial et l’absurdité née du prétexte du faux mariage. Dans cette famille – comme dans toutes les familles, chacun-e en tient une couche, et on se régalera autant avec la lâcheté du père de Billi qu’avec la nonchalance extrême du second mari de Nai-Nai !… Mais du début à la fin, on s’attache à tous ces personnages hauts en couleur, et on passe du rire aux larmes. La question du mensonge est traitée avec finesse, sans jugement et d’une manière très nuancée.
La thématique sous-jacente de L’Adieu est l’immigration et le déchirement que représente le fait de vivre entre deux cultures, deux pays : si Billi souffre autant du fait de ne pas pouvoir dire la vérité à sa grand-mère, c’est aussi qu’elle ne comprend pas le but de la tradition invoquée par sa famille. Pas vraiment chinoise, mais pas complètement américaine, elle subit les railleries de sa tante concernant ses lacunes en mandarin. Les scènes autour des différences culturelles et du déchirement ressenti par Billi – ainsi que par son cousin – sont d’une grande sensibilité.
Ces thèmes touchants sont rendus à l’écran par un casting remarquable dont les performances sont à saluer, et tout particulièrement celles de Awkwafina (Billi) et Zhao Shuzhen (Nai Nai). La mise en scène est simple, délicate.
Elu favori du public au festival Sundance de Londres, ce film vous ravira par son côté doux-amer et son traitement subtil de la mort.
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